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57 Magazine de l ’ Union Des Banques Arabes Articles Construire une architecture financière au service du climat À Casablanca Finance City (CFC), nous avons fait le choix de ne pas attendre. Depuis 2010, nous avons structuré une place financière qui combine attractivité réglementaire, sécurité juridique et vision continentale. En quinze ans, notre communauté s’est élargie à près de 250 entreprises, opérant dans 50 pays africains et près d’une centaine dans le monde. Mais au- delà des chiffres, c’est une conviction qui nous anime: nous voulons faire de la finance un levier de transformation, pas une fin en soi. Et nous savons que si la volonté politique est indispensable, elle ne suffit pas. Le financement de la transition passe aussi – et de plus en plus – par le secteur privé. Or, aujourd’hui, moins de 20 % des flux climat à destination de l’Afrique proviennent d’acteurs privés. Ce déséquilibre est aussi une opportunité manquée. En favorisant les mécanismes de blended finance, les obligations vertes ou les fonds d’impact, nous pouvons structurer des projets rentables, viables et attractifs pour les investisseurs. La transition climatique en Afrique ne pourra réussir qu’avec l’appui massif d’un secteur privé engagé, bien outillé et encouragé à investir sur le long terme. Il est impératif de structurer des cadres d’investissement qui réduisent le risque perçu par les investisseurs tout en augmentant l’impact réel sur le terrain. Cela suppose une montée en compétence locale sur la préparation de projets, une meilleure coordination entre bailleurs et acteurs privés, mais aussi un effort soutenu pour normaliser les instruments financiers durables et aligner les standards avec ceux des marchés internationaux. La transition ne se décrète pas: elle se prépare, elle se finance, elle se mesure. Faire émerger un marché carbone africain solide et crédible C’est dans cette logique que s’inscrit le développement d’un marché africain du carbone. Car structurer une architecture financière au service du climat, c’est aussi faire émerger des instruments innovants capables de valoriser les efforts de réduction des émissions. Face à l’urgence climatique, le développement d’un marché du carbone africain ne relève pas d’un luxe technique : c’est un levier vital. Lamise enœuvre de l’article 6 de l’Accord de Paris –qui autorise les échanges de crédits carbone entre États – pourrait, selon l’International Emissions Trading Association, réduire de 250 milliards de dollars par an le coût global de mise en œuvre des contributions climatiques nationales (NDCs) d’ici 2030. Ce mécanisme ouvre la voie à une nouvelle architecture de la coopération climatique, où des pays et régions à fortes émissions financent des projets de réduction dans des régions à haut potentiel de séquestration comme l’Afrique. Mais pour que l’Afrique capte une part significative de ce marché, encore faut-il qu’elle

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