magazine-Juin 2025-fr

Magazine de l ’ Union Des Banques Arabes 16 Etudes et paroles d’experts éléments essentiels : un secteur privé dynamisé, un secteur public capable de prendre des risques pour accompagner les nouveaux acteurs tout en maintenant unenvironnement légal robuste, et, enfin, des acteurs financiers disponibles, mobilisateurs et agrégateurs de capitaux. En reprenant ces trois points, on constate que le bassin méditerranéen a engagé une mutation qui va dans le sens d’une réelle dynamique. Le secteur privé est aujourd’hui à la pointe des mutations économiques. Ainsi au Maroc, les PME ETI représentent plus du tiers du PIB et sont de plus en plus engagées vers des valorisations boursières. La bourse de Casablanca est devenue une référence et permet à la fois de bénéficier d’avantages financiers tout en incitant à la transparence nécessaire pour attirer les capitaux. Mais au-delà des PME, on constate progressivement la montée en puissance d’un secteur privé avec des entreprises locales de taille importante qui sont de réels points d’ancrage dans nombre de pays du bassin méditerranéen. On retrouve, avec évidemment des particularités, ces dynamiques sur la rive nord mais aussi, sous des formes diverses dans des pays comme l’Egypte, la Turquie, la Tunisie et le Maroc. Le deuxième élément clé tient à la capacité du secteur public à prendre des risques. Précisons de suite que prendre des risques ne veut pas dire multiplier les subventions de fonctionnement ou financer des « éléphants blancs » qui ne verront jamais le jour et qui absorbent des parts majeures des budgets disponibles. Cela signifie qu’une partie des financements publics est orientée vers des projets rentables sur le long terme mais qui ne sont pas nécessairement attractifs pour les acteurs financiers privés traditionnels car leur rendement est trop étalé dans le temps ou que la réglementation bancaire les met hors d’atteinte à coûts raisonnables. Fort heureusement, les Caisses des Dépôts qui reposent sur des modèles différents, et qui ont montré leur capacité de résilience, sont très présentes autour du bassin méditerranéen. A partir des années 2009-2010, de nombreux pays du continent africain, dont la Tunisie, se sont dotés de Caisses des dépôts. Drainant, pour certaines, l’épargne populaire, mobilisant les liquidités de la prévoyance sociale, pour d’autres, ou agrégant d’autres ressources, ces Caisses des Dépôts sont en train de s’imposer comme des acteurs du financement public dans ces pays. Elles sont capables à la fois d’apporter de la sureté, des compétences et une capacité d’identification et d’accompagnement amont des projets. Enfin, il faut des acteurs financiers venus de divers horizons qui ont l’habitude de travailler ensemble. A cet égard, les banques multilatérales, à commencer par la Banque Européenne d’Investissement ou la BERD, comme les DFI, ou Banques Publiques de Développement, sont des partenaires indispensables pour assurer une construction financière robuste pour les projets d’investissement de long terme. On sait que l’ère du développement par les seules subventions est finie. La mise en place de projets rentables mobilisant à la fois les ressources endogènes des pays mais aussi les banques publiques de développement ainsi que des acteurs financiers privés est indispensable pour qu’une dynamique de projets au service des populations puissent se mettre en place. Cette capacité à trouver le barycentre des intérêts, la compréhension des rationalités politiques, économiques et financières n’est pas un exercice facile et demande souvent un travail d’approche complexe. On l’a vu, le bassin méditerranéen dispose d’atouts exceptionnels pour réunir tous ces acteurs et encourager cette dynamique que l’on voit à l’œuvre d’ores et déjà dans nombre de pays.

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